jeudi 31 mai 2018

Les Jeux Olympiques d'Anvers en 1920

Extrait du livre "Les secrets de la Belgique" par l'historien français Pascal Dayez-Burgeon (éditions Perrin) :

Pour mettre du baume au cœur de l'opinion belge qui en a bien besoin, les Alliés ont alors recours à une solution qui n'avait jamais servi jusque là :  les Jeux Olympiques. Ressuscités en grande pompe par le baron de Coubertin en 1896, les jeux olympiques modernes s'étaient maintenus tant bien que mal à Paris (1900) mais avaient sombré dans le ridicule à la foire commerciale de Saint-Louis dans le Missouri (1904), et entraient progressivement dans l'oubli. L'idée était donc de leur rendre tout leur lustre en les associant à la victoire et en faisant profiter la Belgique de l'opération. Certes, à l'annulation des Jeux Olympiques de 1916, prévus à Berlin, c'est Budapest qui avait été choisi pour organiser les VIIèmes jeux. Mais qu'à cela ne tienne. En avril 1919, le Comité Olympique change unanimement d'avis et désigne Anvers. Pourquoi Anvers plutôt que Bruxelles ou Liège?  Parce qu'en ces temps d'aviation balbutiante, la ville disposait d'un des ports les mieux desservis au monde. Lyon, Amsterdam, Philadelphie, Cleveland, Atlanta et même La Havane avaient également fait acte de candidature et s'étaient sans doute mieux préparés pour un tel événement. Mais on n'en avait pas tenu compte. Il fallait impérativement que la Belgique obtient un lot de consolation et les autorités olympiques s'étaient exécutées.

Elles ne devaient pas le regretter. Dès le choix d'Anvers entériné, le comte de Baillet-Latour, président du Comité Olympique Belge, fait merveille. Les habitants de la ville sont pratiquement réquisitionnés pour aménager le stade de Beerschot, préparer l'accueil des visiteurs et loger les 2.626 athlètes sélectionnés, dont 65 femmes. Car, malgré les restrictions de l'après-guerre, l'exclusion de l'Allemagne et de l'Autriche, et le boycott de l'Union Soviétique (méprisant cette "manifestation petite-bourgeoise"),  29 nations ont tenu à s'inscrire, soit deux fois plus qu'aux Jeux Olympiques de Stockholm de 1912, dont pour la première fois le Brésil et la Nouvelle-Zélande. A l'ouverture, le 20 août 1920, tout est prêt.

Il n'y a pas encore de flamme olympique - la cérémonie sera inaugurée à Amsterdam en 1928 - mais pour la première fois, Victor Boin, un sportif belge très populaire, médaillé en hockey, en water-polo et en escrime et futur as de l'aviation durant la Grande Guerre, prononce le serment olympique, concocté par Coubertin. Pour faire bonne mesure, le cardinal Mercier, primat de Belgique, prononce une messe inaugurale où il a adjure les participants :  "Transportez dans votre vie de tous les jours votre esprit de discipline morale, de loyauté, de mesure envers vos frères".

Les résultats sont à la mesure des préparatifs. Les sportifs belges font merveille. Grâce à Hubert Van Innis, un archer hors pair qui remporte à lui seul six titres, au cycliste Henry George et au champion d'équitation Daniel Bouckaert, ils glanent 36 médailles, dont 14 en or, et se classent au cinquième rang des nations sportives, après les Etats-Unis, la Suède, le Royaume-Uni et la Finlande. Pour un pays qui n'était même pas présent à Athènes, c'était un joli résultat. Malheureusement, il ne devait plus jamais se renouveler. Seule anicroche : le prix des billets d'entrée. Il est si élevé qu'au début des épreuves, seuls 6.000 spectateurs prennent place dans des gradins prévus pour en accueillir 35.000. Quand il apprend ce qu'il en est,  le roi Albert Ier, furieux, impose la gratuité, et les jeux deviennent alors un vrai succès populaire. Grâce à cette réussite, Baillet-Latour succèdera à Coubertin à la tête du Comité International Olympique, une fois achevés les seconds jeux de Paris en 1924. Il mourra en 1942, l'année même où naît Jacques Rogge, un autre Belge qui sera président du Comité International Olympique jusqu'en 2013. Anvers aura bien mérité de la Belgique olympique....

Pascal Dayez-Burgeon

lundi 28 mai 2018

Les propositions de Kristof Calvo

                         

Agé de 31 ans,  le député fédéral Kristof Calvo est une figure montante de la vie politique belge. Fils d'immigrés catalans, il commence à s'intéresser à la politique à l'âge de 11 ans dans sa commune de Willebroek, et envoie des lettres aux ministres du gouvernement belge alors en pleine crise de la dioxine!  Il rejoint le parti écologiste flamand Groen, dont il sera le président national des Jeunes Groen. Sur le plan privé, c'est un fan de football, supporter du KV Mechelen et du Barça. On le décrit comme une personne sérieuse, énergique et impatiente.

En 2010, Kristof Calvo devient député fédéral. Les écologistes (Ecolo au sud et Groen au nord) forment un seul groupe politique à la Chambre, et cela se passe très bien. Le chef de groupe est alternativement soit Jean-Marc Nollet (Ecolo), soit Kristof Calvo (Groen). Ce dernier défend l'unité de notre pays, et a confié :    "Je veux faire de la politique pour les 11 millions de Belges. Dans le cadre de notre collaboration avec Ecolo, je constate que les craintes de Karel et de Charles sont les mêmes. Flamands comme Wallons veulent la même chose :  de l'espoir pour leurs enfants, des trains à l'heure, une fiscalité plus juste,... Le temps où l'on faisait de la politique pour sa propre province est révolu".

Kristof Calvo vient de sortir un livre "Leve Politiek" (Vive la Politique) qui n'est pas passé inaperçu. Il dresse 50 propositions pour un renouveau politique, dont la diminution de nombres de députés (de 427 à 200), le remplacement des six assemblées législatives par un "Parlement National" (40 députés seraient élus dans une circonscription fédérale nationale, et 160 dans des circonscriptions régionales), la re-fédéralisation du commerce extérieur, de l'exportation des armes, du climat, de l'énergie, de la mobilité et de l'environnement, l'autorisation de votes panachés transcendant les listes des partis. 

A l'occasion de la sortie de son livre, Kristof Calvo a répondu aux questions des journaux du groupe Vers l'Avenir : 

"Pourquoi voulez-vous remplacer les six assemblées du pays par un Parlement National?
- Le problème aujourd'hui, c'est que tous les mandats, tous les niveaux de pouvoir travaillent l'un à côté de l'autre, mais ne se parlent pas. Je veux changer cette situation avec ce que j'appelle "le fédéralisme de rencontre" dans un Parlement National, où l'on a aussi des chambres régionales pour les compétences régionales comme l'enseignement et la culture.

- Tout le monde à Bruxelles alors?
- Le plus important pour l'instant, au-delà des détails pratiques, c'est de construire un nouveau modèle, où l'on oblige et facilite le travail ensemble. Aujourd'hui, il y a trop de niveaux et de mandats qui ne se parlent pas, ne construisent pas un projet politique ensemble. Chacun travaille sur son île.

- C'est une attaque du comité de concertation (qui réunit fédéral et entités fédérées)?
- Oui. Le comité de concertation aujourd'hui est plutôt un comité de confrontation. On pourrait le renforcer mais ce n'est pas suffisant à long terme. Car cela reste un modèle à différents niveaux.

- Vous voulez aussi refédéraliser certaines compétences, comme la mobilité, le climat et l'énergie?
- J'y suis favorable depuis longtemps, parce que quatre ministres du climat, cela ne donne pas moins de C02. Je constate que le tabou de la refédéralisation disparaît de plus en plus dans le monde politique flamand. Aujourd'hui, des personnalités de différents partis entrevoient la possiblité de refédéraliser des compétences.

- C'est un constat d'échec de la régionalisation?
- Je ne vais pas parler d'échec parce que dans certains cas, la régionalisation a clairement facilité des évolutions positives. Je ne plaide pas pour refédéraliser l'enseignement ou la culture. Mais je conteste l'idée de devoir tout "splitter". Pour certaines compétences, on peut fonctionner plus efficacement en refédéralisant. 

- Vos propositions vont à l'encontre totale des dernières réformes?
- Oui. Construire un avenir, ce n'est pas recycler l'histoire. Mais je ne propose pas un remake de la Belgique de grand-papa. C'est un nouveau modèle où l'on oblige la rencontre, la coopération. Et pour moi, le renouveau politique passe par moins de mandats et plus de politique. C'est une proposition à long terme évidemment. Mais c'est important d'apporter une vraie alternative au confédéralisme et à l'indépendantisme de la NVA.

- Une tendance grandissante en Flandre?
- Je veux dire à mes amis francophones que la Flandre n'est pas un pays NVA. Il n'y a pas que la NVA en Flandre. En Flandre, il y a un grand soutien pour un vrai Etat fédéral et pour un modèle plus efficace. Et moi, j'essaie de donner une voix politique à ce courant. Parce que je trouve que ces dernières années, la pensée unique des Flamands sur l'institutionnel et le communautaire était trop forte. Les dogmes des nationalistes ont trop influencé les débats institutionnels. Je sais que la NVA n'est pas enthousiaste face à mes propositions, mais c'est plutôt un compliment!

- Le discours de la NVA reste quand même dominant, non?
- Ils crient très fort sur l'institutionnel et sur l'identité. Moi, je suis très optimiste :  les Belges néerlandophones ne sont pas des indépendantistes. Si on est aussi assertif que les nationalistes, je suis sûr qu'on peut gagner ce débat. On ne doit pas se limiter à dire 1% de CO2 en moins ou 2% de taxes sur les plus-values en plus, mais oser construire de grandes idées.

- Des membres de l'Open VLD et du CD&V étaient présents lors de la présentation de votre livre. Y a-t-il des partisans de votre discours dans d'autres partis?
- Il y a plus de respect, d'amitié et de chaleur dans la politique que ce que l'on pense. Et la présence de ces collègues en est un exemple. C'est sûr que je ne sais pas porter ce message tout seul. Mais pas sûr que ces propositions plaisent du côté de la rue de la Loi".

Professeur de sciences politiques à la VUB, Dave Sinardet a commenté la sortie de ce livre :   "Refédéraliser :  c'était un sujet tabou. Par peur d'être un mauvais Flamand ou de passer pour un belgicain. Il y avait une pensée unique autour de la question. Mais les choses évoluent. En 2016, nous avions réalisé une enquête auprès des parlementaires sur le sujet. Là, on avait noté une vraie ouverture mais côté flamand, ils se voulaient discrets. Depuis, le débat est devenu public. De plus, la jeune génération est plus nuancée, décomplexée, n'a pas vécu les grands conflits linguistiques et a d'autres préoccupations. Après six réformes de l'Etat, on se rend compte que ça ne marche pas beaucoup mieux. Ce n'était pas illogique de scinder au départ, mais la réalité est plus complexe. C'est un peu une illusion, un mythe de croire qu'on peut tout faire seul dans son coin. La Belgique est un petit pays où tout est fort entremêlé. Il suffit de prendre la problématique de la mobilité à Bruxelles :  là, tout le monde doit se mettre autour de la table. Est-ce au niveau des parlements que cela doit se faire? Les décisions se prennent au niveau des gouvernements et des partis. Mais en attendant, cette réflexion sur le long terme de Kristof Calvo apporte de la fraîcheur et sort de la politique quotidienne". 

Chef du groupe Ecolo/Groen avec Kristof Calvo, le député francophone Jean-Marc Nollet a également donné son avis :    "C'est un livre personnel qui n'engage ni Groen, ni Ecolo. Mais il a le mérite de forcer les gens à réfléchir. Exemple, quand il évoque une nouvelle fusion des communes pour arriver à la disparition des provinces, cela interpelle beaucoup en Flandre, où elles sont encore vues comme quelque chose de magnifique. Refédéraliser fut un tabou jusqu'il y a peu. Maintenant, l'idée commence à faire son chemin mais là, Kristof met carrément le pied dans la porte. Kristof se définit comme un possibiliste :  à la fois idéaliste et volontariste. Et on connaît son énergie. C'est bienvenu dans une Flandre sclérosée et tétanisée par le dogmatisme de la NVA. Il est quand même nécessaire de se poser la question :   pourquoi en est-on arrivé là? Cela interpelle ceux qui ont le nez dans le guidon en permanence. Que l'on soit d'accord ou pas avec lui, on doit se laisser interpeller par ses idées. Ce livre est là pour provoquer le débat et n'est pas à ranger au fond d'une bibliothèque".

Avis personnel :

D'abord, je trouve bien qu'un jeune élu politique donne son avis et ses propositions personnelles, sans attendre celles dictées par son président de parti. Son attachement à l'unité de notre pays et sa bonne collaboration avec les écologistes francophones me plaisent évidemment, et rejoignent les objectifs du Journal d'un petit Belge. 

Appliquer toutes ses propositions me semble un peu utopique, mais il y a clairement pour moi une priorité sur laquelle beaucoup de Belges pourraient être d'accord :   réfédéraliser les compétences liées au climat, à la mobilité et à l'environnement. Pour un petit territoire comme le nôtre, il est quasiment impossible de mener de grands projets avec plusieurs ministres différents responsables. 

Je ne vais pas faire de guerres de chiffres, mais il est évident qu'il y a trop de députés dans les six assemblées, et qu'on pourrait réduire leur nombre dans chacune d'entre elles (mais je ne crois pas du tout en une volonté du monde politique de supprimer ces assemblées).  Le Parlement National que souhaite Kristof Calvo, il existe déjà sous la forme du Sénat qui a perdu une partie de ses pouvoirs depuis la dernière réforme de l'Etat, mais qu'on pourrait redynamiser (sa présidente Christine Defraigne ne serait sûrement pas contre).  Les sénateurs pourraient être élus via une circonscription électorale nationale, dont j'ai déjà parlé sur ce blog :  
http://journalpetitbelge.blogspot.be/2009/12/une-circonscription-electorale-federale.html

Par contre, je ne suis pas partisan d'une nouvelle fusion des communes, car c'est l'échelon politique le plus proche des citoyens et c'est important de garder cette proximité. 

Et vous, que pensez-vous des idées de Kristof Calvo? 

jeudi 24 mai 2018

L'artiste belge Ben' Do

Depuis le début de cette année 2018, l'artiste belge Ben' Do s'est fait connaître sur les ondes belges et françaises grâce à sa chanson "Pareil" :    https://www.youtube.com/watch?v=e7ggXZX_9zM

Ben' Do vient de répondre aux questions du groupe Sud Presse :

"Il y a un grand mystère autour de vous :  on ne sait pas d'où vous venez exactement, ni votre âge.
- Je viens d'Ohain en Brabant wallon. Je suis à moitié sicilien, à moitié belge. Mais mon âge, par contre, je ne le donne jamais. On me donne souvent moins et je t'avoue que dans le milieu, l'âge, c'est un truc qui peut bêtement freiner les gens. Je le vois avec les chanteuses. Donc avec mon producteur et mon manager, on aime bien laisser un mystère autour de ça.

- Le succès de "Pareil" s'exporte bien en France. Vous aviez un objectif en tête en sortant ce premier single?
- Je ne vais pas te raconter de conneries. On a clairement un objectif :  devenir une référence vocalement en France. Quand on est arrivé, plein de types qui faisaient des covers d'autres chansons nous ont dit qu'on allait se planter. Notre plan était ambitieux mais au bout d'un mois et demi, on était en train de rêver! On avait plusieurs chansons terminées, on est allé les proposer aux radios et le retour du public a été dingue! 

- Avant de sortir "Pareil" que vous avez écrit et co-composé, vous faisiez de la musique en secret dans votre chambre?
- Oh, ça fait des années que j'écris mais je ne démarchais pas. J'avais beaucoup de soucis avec le fait d'être exposé. Psychologiquement, j'ai dû faire beaucoup de travail là-dessus et accepter le fait que si ça fonctionnait, on allait me reconnaître, m'arrêter dans la rue. Mais être connu, ce n'est jamais la raison qui m'a poussé à faire ce métier. Sincèrement. C'est pour ça que ça a pris beaucoup de temps. Le temps que je sois prêt. Je n'étais pas un gosse super stable psychologiquement. Maintenant, je me sens bien, je suis stable, je ne bois pas d'alcool, je n'ai pas de problème de drogue, je mange bien. Je sors très peu aussi, je suis bien dans ma caverne, un peu agoraphobe! 

- Vous aviez peur de passer pour un artiste éphémère?
- Oui, et personne ne sait que ça fait quinze ans que j'écris. Et aussi, c'est dur à gérer un succès qui arrive si vite. C'est beaucoup de messages d'amour à recevoir en un coup et il y en a beaucoup, je pense, qui font l'erreur de ne pas spécialement être prêts avant ça. Moi, je sais que je n'aurais pas pu gérer il y a cinq ans. Je serais parti en vrille. C'est important de s'écouter.

- Vous faisiez quoi comme métier avant de vous décider à vous lancer dans la chanson?
- J'ai eu un restaurant thaï pendant dix ans qui marchait très bien et que j'ai revendu il y a deux ans. Je n'avais pas de frustration par rapport à la musique, je ne faisais pas forcément de concerts, à part une fois la première partie de Booba pour un de ses show-cases il y a sept ans. 

- Ben' Do : pourquoi ce nom de scène? En langage urbain, le mot "bendo" a une signification. Encore un mystère?
- J'aimais bien la connotation street, vu que je viens de l'école du rap. "Bendo", c'est une maison abandonnée. Ben, c'est mon prénom, ça vient de Benito. En lingala, c'est aussi "tous ensemble" (j'ai vécu en Afrique pendant deux ans). Et le "Do", c'est la note de musique aussi. On a galéré pour trouver un nom de scène, mais il y a beaucoup de significations derrière".

lundi 21 mai 2018

Belle collaboration entre deux écoles supérieures belges

S'il existe des échanges linguistiques d'une semaine et des écoles d'immersion, j'ignorais l'existence d'un tel projet de bidiplomation. Depuis dix ans, la Haute Ecole HELHA de Tournai (province de Hainaut) et la Haute Ecole Thomas More de Malines (province d'Anvers) proposent aux futurs bacheliers en communication de suivre leur cursus de deuxième année dans l'autre communauté linguistique. Ce programme de bidiplomation fait figure de pionnier en Belgique.

Dominique Lefebvre, directrice de la section communication de la HELHA, a expliqué :  "A l'issue des trois années de bachelier, les étudiants obtiennent une double reconnaissance : un diplôme dans chacune des deux communautés. Ce programme offre aux étudiants des compétences linguistiques de haut niveau et un tremplin garanti sur le marché du travail. C'est aussi une plus-value pour nos deux établissements, via les collaborations entre enseignants, les projets menés de concert et les échanges de pratiques pédagogiques complémentaires avec la Haute Ecole Thomas More".

Parmi ces étudiants, il y a Emile Ducoron qui a confié à la presse :   "Comme tout le monde, j'ai appris le néerlandais en secondaire. J'en suis sorti avec un bon niveau. Sans me vanter, je pense avoir cette faculté de progresser rapidement, notamment dans les langues, une matière que j'affectionne. En allant étudier à Malines, c'est un peu comme si je recommençais tout à zéro. Il a fallu s'adapter au changement de langue tout en repensant ma méthode de travail, pour être en phase avec l'école. J'y ai acquis un certain sang froid. Cette expérience me sera bénéfique, j'en suis persuadé, pour affronter ma troisième année en communication à Tournai. Mon organisation sera sans doute meilleure par rapport au travail que l'on nous demandera". 

On ne peut que souhaiter que ce beau projet donne l'envie à d'autres écoles du nord et du sud du pays de suivre leur exemple...

lundi 14 mai 2018

Bande dessinée "Les Louves" (Flore Balthazar)

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Originaire de La Louvière, la dessinatrice belge Flore Balthazar (37 ans) raconte en 180 pages les souvenirs de la seconde guerre mondiale de sa grand-tante Marcelle (92 ans) à partir du journal qu'elle a tenu à l'époque.

Flore Balthazar a répondu aux questions des quotidiens du groupe Sud Presse :

"Avec un tel bouquin, vous assouvissez le fantasme de beaucoup de familles. Est-ce que la vôtre vous considère maintenant comme un exemple?
- J'espère que non!  C'est vrai que ça les touche, mais je ne sais pas dans quelle mesure. Tantelle Marcelle, qui est toujours là à 92 ans, ça lui plaît. Mon frère m'a écrit que ça lui avait fait bizarre de le lire. C'est une génération où ils sont quasi tous décédés mais on les a connus... Il y a le côté déstabilisant : c'est eux et en même temps, ce n'est pas tout à fait eux. Il y a des inventions pour la fiction, c'est normal. Mais je suis restée fidèle à l'esprit du journal de Tantelle, à qui j'ai soumis surtout le scénario. Parce que pour les planches, à son âge, elle n'a pas Internet. 

- Il y a un côté patrimoine louviérois : ça vous fait plaisir qu'on vous célèbre dans votre propre ville?
- Oui mais je ne l'ai pas fait pour ça. C'est de la fiction qui s'adresse à toute la francophonie. La Louvière, c'est un décor auquel je suis très attachée et que j'ai pris plaisir à mettre en images, mais ce n'est pas le propos à la base. Le sujet, c'est la guerre. Quelle attitude à adopter est-elle juste? Et existe-t-il d'ailleurs une attitude juste?

- C'est un livre où on lit aussi en filigrane la condition de l'époque et les aspirations des femmes. Est-ce un livre féministe?
- Ca ne me dérange pas qu'on le dise. Je ne me défends pas d'être féministe, mais je n'ai pas voulu être militante. Ca parle des femmes, j'insiste sur ce qu'elles ont fait, sur le fait qu'elles ont existe à ce moment-là, aussi. Peut-être le côté féministe est-il ce que j'ai voulu faire passer?

- Pourquoi y avoir montré presque crûment un avortement?
- Parce que ça fait partie de la vie des femmes, c'est encore le cas, mais dans des conditions d'hygiène et financières autres. C'est l'illustration de par quoi on passait pendant la guerre. Je me sentais obligée de passer par là. Peut-être est-ce aussi le genre de détail qu'une nana peut apporter?

- Les planches avec les Loups, c'est à la fois La Louvière, mais aussi la chanson de Serge Reggiani, non?
- J'ai évidemment pensé à cette chanson. Ces planches, c'est une ponctuation allégorique. L'histoire est centrée sur une famille et des personnages. Les planches avec les Loups permettent d'insérer la Grande Histoire : c'est un chapitrage et un rappel temporel. Est-ce que ce que je raconte, c'est avant ou après Stalingrad, par exemple?". 

jeudi 10 mai 2018

Le jeune humoriste belge Félix Radu

Agé de 22 ans, Félix Radu a commencé par suivre des cours de théâtre à Namur, puis au cours Florent à Bruxelles, et aujourd'hui au cours Florent à Paris. Repéré par les frères Taloche, ce jeune Namurois très attaché à la langue française devient, un peu contre son gré, un humoriste avec des jeux de mots qui font penser à ceux de Raymond Devos. A vous de juger :   https://www.youtube.com/watch?v=CnD_tbOXfCA

Félix Radu a confié à la presse :   "Je n'ai jamais eu l'intention de faire de l'humour. Je suis allé en cours de théâtre, puis je me suis mis à écrire. On a commencé à m'appeler humoriste parce que mon écriture fait rire, mais mon travail est différent. J'espère que mon spectacle est plus mélancolique que drôle. Victor Hugo disait que la mélancolie, c'est le bonheur d'être triste, donc j'essaie de rendre le public très heureux d'être malheureux. Les gens ont tendance aujourd'hui à oublier que la richesse de notre langue est très amusante. Les jeunes de mon âge, surtout, ont l'impression que le français, c'est un truc chiant, un truc d'adulte, de prise de tête. Alors que la poésie, c'est transpirant de jeunesse. Jouer avec les mots, faire des traits d'esprit, le beau langage : ce sont des choses très agréables, pleines de vie et de sourire. On peut penser que mon public est composé de personnes âgées. Alors qu'en fait pas du tout, c'est un a priori de directeur de salle qui pense que les jeux de mots et la littérature ne font rire que les gens cultivés, les Parisiens. Je crois qu'on a appris aux gens à se dévaloriser. Les intellectuels, les politiques font comme si le peuple n'était plus capable de diriger le pays en disant "Ne vous inquiétez pas, on va gérer pour vous". Les gens se disent que la culture n'est pas pour eux, que le théâtre après une journée à travailler en tablier d'électricien ne leur est pas destiné, qu'ils n'ont pas le profil. Le théâtre est devenu un truc un peu incestueux où on ne fait plus des pièces que pour des gens de théâtre, des personnes qui rêvent déjà. C'est important de rapprocher le théâtre des gens parce qu'il n'y a rien de plus bouleversant que d'aller voir une pièce qui nous plaît. Je n'ai pas envie d'être le nouveau Devos ou le gars qui fait du Devos. C'est flatteur au début, mais je commence à avoir un peu peur de cette comparaison. J'espère me détacher petit à petit de ça. J'ai la sensation de davantage porter des messages de philosophie dans mon spectacle, même si on écrit de la même manière". 

lundi 7 mai 2018

Les 40 ans du décès de Jacques Brel

A quelques mois du 40ème anniversaire du décès du chanteur belge Jacques Brel,   sa fille France a répondu aux questions des quotidiens du groupe Vers l'Avenir :

"Quarante ans après sa mort, que reste-t-il de Jacques Brel?
- L'étonnement ! L'étonnement de l'intérêt perpétuel qu'il continue à susciter. Quand je vois tout le travail que nous avons ici à la Fondation Jacques Brel, ça ne fait que s'amplifier. Des gens nous sollicitent pour des spectacles, pour avoir le droit d'interpréter ses chansons. Et surtout, nous avons énormément de demandes pour des synchronisations de films. Des réalisateurs qui aimeraient pouvoir utiliser une chanson de Jacques. Ca vient de partout dans le monde, et de plus en plus souvent. Peut-être à cause des réseaux sociaux qui diffusent ses chansons aux quatre coins de la planète.

- Vous publiez deux livres. Le premier est consacré aux chansons de Brel. Ca existait déjà pourtant?
- Oui, publié en 1981, mais l'éditeur ne voulait pas réinvestir dans une nouvelle publication. Or, cette édition reprenait les textes chantés par Brel et par ordre alphabétique. C'était une erreur. Nous pensons qu'il vaut mieux éditer le texte écrit par Jacques qui parfois diffère un peu de celui qui est chanté et par ordre chronologique. C'est ce que la Fondation a fait lorsque le contrat avec l'ancien éditeur s'est terminé. Nous avons également accompagné les textes de commentaires glanés dans les journaux de l'époque.

- Et puis, il y a ce gros ouvrage sur Jacques Brel auteur?
- Je voulais montrer au grand public la cohérence du travail de Jacques entre ce qu'il a écrit au tout début et à la fin de sa vie. J'ai repris tous les textes. Depuis ses premiers textes alors qu'il est à peine sorti de l'enfance jusqu'aux dernières chansons. J'y ai ajouté des commentaires tirés des journaux de l'époque ou des interviews données en radio et en télé. Beaucoup de photos aussi et des souvenirs personnels. Ce n'est pas une biographie au sens strict mais ça permet de mieux cerner certaines choses.

- Comme quoi, par exemple?
- Ca permet, entre autres, de corriger certaines images. Ainsi, on s'aperçoit que le père de Jacques n'était pas cet homme austère et sans fantaisie qu'on a toujours présenté. Ou encore que Brel lui-même ne passait pas sa vie à rigoler...

- Vous évoquez aussi les mots de ses chansons qui évoluent?
- Quand on lit chronologiquement ses textes, on se rend compte que certains mot disparaissent un moment et d'autres apparaissent. Ainsi, au début, il parle souvent des "20 ans", on y retrouve de la joie et de l'énergie. Puis, à 30 ans, on n'en parle plus et de nouveaux termes apparaissent comme Isabelle ou tendresse, un mot qu'il ne lâchera plus. A partir de 29 ans, Jacques se considère comme un vieux. Le meilleur est derrière lui. "Ne me quitte pas" est un basculement. Ses textes sont de plus en plus élaborés et il crée un univers bien à lui.

- Il avait peur de mourir?
- Non. Il avait peur de vieillir. Il l'a d'ailleurs écrit et chanté. Il avait peur de ne pas pouvoir faire tout ce qu'il avait envie de faire. Je pense que c'est venu de sa propre situation familiale. C'était un enfant de vieux : le petit dernier de parents qui étaient déjà des petits derniers. Il n'a vu que des gens âgés autour de lui.

- Vous avez aussi retrouvé des textes inédits?
- Oui, des textes de jeunesse, des chansons jamais divulguées, des scénarios, des extraits de pièces radiophoniques. On trouve aussi dans les deux livres les textes des huit chansons qu'il a enregistrées en flamand.

- Tous ces souvenirs sauvegardés, il était collectionneur?
- Non, pas du tout. En revanche, ma grand-mère et ma mère, oui. Je pense que ce sont elles qui ont commencé à conserver tout cela. Et moi, la troisième génération, je suis comme elles!".

jeudi 3 mai 2018

Exposition des oeuvres de Marnix Verstraeten (Mix)

                             Avec ses œuvres, l’échevin fait sa pub

L'artiste belge Marnix Verstraeten (à droite sur la photo ci-dessus) est né en 1960 à Avelgem en province de Flandre Orientale. Il a choisi Mix comme nom d'artiste. Avec ses trois enfants, il a décidé de s'installer dans la commune francophone du Mont-de-l'Enclus en Hainaut Occidental. Avec son carnet d'adresses dans le milieu culturel, il attire des artistes à venir exposer à la Maison des Randonneurs du Mont-de-l'Enclus, et les incite à offrir ensuite une oeuvre à la commune. C'est ce qu'il a fait également :  le tableau ci-dessus orne désormais la salle du conseil communal. Marnix Verstraeten expose ses propres oeuvres à la Maison des Randonneurs du 31 mars au 24 juin 2018. Depuis le début de l'année, il a accepté de devenir échevin de la Culture de la commune jusqu'aux élections d'octobre. Aux électeurs désormais de décider la suite de sa carrière politique ou/et culturelle....